Lorsqu’il a pris ses fonctions de Directeur général du musée de l’Afrique en 2001, Guido Gryseels n’était déjà plus un novice. « Après mes études d’économie et de coopération au développement à la KU Leuven, je suis parti dix-huit mois en Australie pour étudier l’économie rurale. De 1979 à 1987, je me suis consacré à la recherche agricole en Éthiopie, où mon principal objectif était d’améliorer la productivité des fermiers locaux. Nous avons notamment développé l’élevage laitier ainsi qu’un nouveau système d’équipes qui ne nécessitait qu’un seul bœuf de trait au lieu de deux, ce qui représentait un doublement de la productivité pour l’agriculture locale. » Parallèlement à la recherche en Éthiopie, il a décroché un doctorat à l’université de Wageningen aux Pays-Bas. « Ensuite, jusqu’en 2001, j’ai occupé le poste de chef du Service de recherche internationale sur l’agriculture, au sein de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, à Rome. » Guido Gryseels exerce par ailleurs des mandats dans de nombreuses fondations et comités dans notre pays et à l’étranger.
« Lorsque les autorités fédérales m’ont recruté en 2001 pour diriger le musée de l’Afrique, ma priorité fut de réformer radicalement l’établissement. L’exposition permanente n’avait plus changé depuis les années 1950. Elle donnait une image désuète de l’Afrique, qui n’était absolument plus d’actualité. Nous avions l’intention de rénover le musée, tant au niveau de l’infrastructure que du contenu. De créer un établissement consacré à l’Afrique d’aujourd’hui et de demain, mais aussi un « lieu de mémoire » dans lequel inscrire et redéfinir le passé colonial. Enfin, nous voulions créer un lieu de rencontre à la fois pour les Belges et les Africains. »
Une des initiatives de réformes les plus remarquables que Guido Gryseels a menées à bien concerne la rénovation et l’extension du musée. Un projet d’un budget de 75 millions d’euros. « Le bâtiment initial n’était plus digne d’un musée du XXIe siècle. Il n’était pas accessible aux personnes à mobilité réduite, il manquait de salles de réunion, d’auditoires ainsi que d’un magasin, d’un restaurant...
Nous avions besoin de davantage d’espace d’exposition et les systèmes énergétiques étaient obsolètes. Vu qu’il s’agit d’un bâtiment classé, la surface devait être étendue en construisant un nouveau pavillon d’accueil à côté du musée original et en reliant les deux par une galerie souterraine. La superficie utile a ainsi été étendue de 6 000 à 11 000 m². Dans l’intervalle, la réception des travaux est pratiquement achevée de sorte que nous pourrons nous atteler à l’aménagement. À la fin de l’été 2018, l’édifice rouvrira ses portes pour accueillir quelque 300 000 visiteurs par an. »
Le nouveau musée de l’Afrique bâtit plus que jamais des ponts entre les communautés et les continents. « L’établissement nous rassemble autour de l’Afrique d’aujourd’hui et de demain, pas celle d’hier. Nous facilitons ainsi le dialogue sur tout ce qui concerne l’Afrique et la diaspora africaine. D’ici 30 ans, 40 % de la population mondiale vivra en Afrique. Le continent compte aujourd’hui déjà une population jeune, créative et entreprenante. Nos enfants regarderont l’Afrique plus tard comme nous regardons l’Asie aujourd’hui. Tout cela rend extrêmement important d’ancrer et de valoriser la collection et les connaissances que le musée abrite, notamment avec l’aide d’entreprises partenaires solides. Et Guido Gryseels de conclure : « Le musée de l’Afrique grandit et s’épanouit tout comme le continent du même nom. »