En termes relatifs, la période 2010-2015 fut particulièrement mauvaise pour les marchés émergents. La surcapacité en Chine, la baisse des prix des matières premières et un dollar trop fort jusqu’à fin 2015 ont plombé la région. La situation a changé dans l'intervalle. La surcapacité chinoise, et la déflation qui y est associée, diminuent progressivement, tandis que les matières premières amorcent un léger redressement. Dans l'intervalle, le dollar est arrivé dans des eaux plus calmes et la Banque centrale américaine, peu favorable à un relèvement structurel rapide, n'y est pas étrangère.
Il n'est pas impossible que le principal moteur du regain d'intérêt pour les pays émergents soit lié aux rendements obligataires. Alors qu'en Occident les rendements des obligations à 10 ans se rapprochent tous de zéro, voire sont négatifs, ceux des pays émergents sont considérablement plus élevés. La chasse a donc été déclarée ouverte pour les investisseurs en quête de rendement, entraînant des afflux massifs de liquidités vers les marchés obligataires de ces mêmes pays. Depuis le début de cette année, les obligations émergentes ont enregistré une très belle évolution, que ce soit en monnaie locale, en dollar ou en euro. D'une manière générale, les rendements sur les emprunts à 10 ans ont chuté de 15 à 30 % et les cours ont donc fortement augmenté.
Vu que les rendements baissent, l'attrait relatif des marchés des actions augmente également. En effet, la différence entre le rendement des actions et le rendement des obligations augmente et, parallèlement, le taux d'intérêt auquel tous les futurs flux de trésorerie et bénéfices des actions de croissance seront actualisés ne cesse de diminuer, ce qui en augmente le montant. Qui plus est, l'augmentation des flux monétaires à destination des pays émergents a entraîné à son tour l'appréciation de la devise en question, ce qui profite doublement à l'investisseur occidental. Il convient de dire que les devises locales des pays émergents étaient devenues très bon marché.
En ce qui concerne l'avenir, les pays émergents doivent toutefois continuer d'afficher une dynamique positive pour que la région conserve la confiance des investisseurs. À cet égard, il est important de souligner quelques nouveaux développements qui marquent actuellement les pays émergents. La Chine réduit lentement mais sûrement sa surcapacité, ce qui atténue la déflation au niveau des usines. L'Inde a opté pour un taux de TVA uniforme et créé, à l'instar de l'UE, un grand marché intérieur pour les biens et services. La disparition des barrières commerciales entre les différents États qui en résulte entraînera indubitablement un regain de croissance. Il convient aussi de noter la baisse de la pression sur les marges des bénéfices opérationnels des entreprises dans les pays émergents. Les résultats des entreprises au second trimestre ont dépassé les prévisions et vu les marges bénéficiaires historiquement faibles, le potentiel reste considérable. La valorisation plus faible des Bourses de cette région ne devrait pas non plus freiner les investisseurs.
Naturellement, les risques ne sont pas nuls. Les nombreux crédits douteux en Chine constituent toujours une menace et les tensions géopolitiques ne sont jamais exclues, comme nous le voyons en Turquie. Toutefois, investir n'est jamais dénué de risques et cela ne saurait donc constituer une excuse. Nous affichons d'ores et déjà un regain d'optimisme.