© Lara Gasparotto
Rirkrit Tiravanija est reconnu comme un des artistes les plus influents de sa génération. Sa pratique artistique explore le rôle social de l’artiste et questionne le statut de l’œuvre d’art en tant qu’objet et de la galerie (ou du musée) comme lieu sacré de l’art. Ses expositions brisent les frontières entre l’art et la vie en amenant le public à participer et à interagir. Son œuvre est à dimension humaniste, éthique et est socialement engagée. Son travail incarne la globalisation apparue dans les années 1990. Les projets qu’il met sur pied sont critiques mais abordés le plus souvent de manière ludique et humoristique. Les thématiques de la cuisine et de l’architecture, sont au centre de nombreux projets. |
Les expositions de Rirkrit Tiravanija brisent les frontières entre l’art et la vie en amenant le public à participer et à interagir.
D’origine thaïlandaise, né à Buenos Aires en 1961, Rirkrit Tiravanija a grandi en Thaïlande, en Ethiopie et au Canada. Il a étudié l’art à Toronto, Chicago et New York. Son travail a été exposé dans de nombreux musées à travers le monde et des prix prestigieux comme le Hugo Boss Prize ou le Gordon Matta Clark Foundation Award l’ont consacrés. Il vit et travaille entre New York, Berlin et Chian Mai et enseigne à l’école d’art visuel de Columbia University. Il est aussi un des fondateurs de Utopia Station.
Dès le début de sa carrière, les travaux de l’artiste se sont concentrés sur l’expérience individuelle de la communauté, où rencontre et échange sont les éléments primordiaux. Il réalise ses installations sous la forme de scène ou d’espace architectural pour que les spectateurs y partagent un repas, cuisinent, jouent de la musique, assemblent un puzzle ou lisent. Le critique d’art français Nicolas Bourriaud décrit la pratique de Rirkrit Tiravanija comme Ethétique Relationnelle (1998). Dans ce concept, l’œuvre d’art crée un environnement social dans lequel les individus se rassemblent, participent et partagent une activité et dont l’artiste est le catalyseur et non le centre. Ainsi, d’après Bourriaud, l’œuvre d’art n’a plus pour rôle de nourrir l’imaginaire et les utopies mais devient une proposition de vie et de modèles d’actions, dans la réalité*. |
Pour son exposition à Anvers à la galerie Tommy Simoens, Rirkrtit Tiravanija a fait murer la façade de la galerie, cachant ce que d’ailleurs, personne n’avait vu, pas même son galeriste. Le contenu de l’exposition a été découvert lors du vernissage- performance qui a eu lieu le 27 novembre dernier. Comme il en a l’habitude, un repas, ici un cochon de lait, a été offert, devant la galerie, aux amis, visiteurs et passants alors qu’une brèche se faisait dans le mur de briques, rendant l’exposition accessible aux visiteurs. D’emblée, l’exposition déconcerte. Les murs de la galerie ont été envahit par des phrases colorées écrites à la bombe et qui empruntent aux titres de différents projets de l’artiste. Une voiture sans roues, posée sur des briques trône au milieu de l’espace. L’ambiance est au squat et on ne comprend pas tout de suite ce qui se joue mais on se laisse envahir par les impressions que cette mise en scène génère en soi.
L’exposition est à voir jusqu’au 20 janvier 2019.
Antwerp Roast. Tommy Simoens Gallery Waalsekaai 31 & 32, 2000 Anvers. |
* Nicolas Bourriaud. Esthétique relationnelle, Dijon, Les presses du réel, 1998